L’hôtellerie de luxe face aux défis du recrutement et de la formation

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L’hôtellerie de luxe face aux défis du recrutement et de la formation

Au cours d’un entretien, Christophe Laure, Président de l’UMIH Prestige, Directeur Général InterContinental Paris le Grand et Directeur Régional IHG Luxe et Lifestyle, nous partage son analyse des défis et des perspectives d’évolution du secteur hôtelier. L’hôtellerie-restauration possède un atout majeur pour faire face aux difficultés croissantes de recrutement : la diversité et la richesse de ses métiers, qui ne cessent de se réinventer. Il est essentiel de valoriser ces professions et de les mettre en perspective avec les nombreuses opportunités de carrière qu’elles offrent.

Selon les chiffres du ministère de l’Économie et des Finances, au troisième trimestre de l’année dernière, près de 63 000 emplois étaient vacants dans les entreprises de l’hébergement-restauration, dont 21 708 dans des structures de plus de 10 salariés. Par ailleurs, 59 % des projets d’embauche dans le secteur sont considérés comme difficiles à réaliser. Ces chiffres illustrent une tension croissante sur le marché du travail, renforcée par un déficit structurel de main-d’œuvre.

Un recrutement contrasté selon les établissements
Selon Christophe Laure, Président de l’UMIH Prestige, Directeur Général InterContinental Paris le Grand, et Directeur Régional IHG Luxe et Lifestyle, la situation du recrutement varie fortement en fonction des segments de l’hôtellerie. « Dans certaines régions, des établissements ferment faute de personnel, ce qui est très inquiétant. En revanche, dans le secteur du luxe, notamment les Palaces et hôtels cinq étoiles, les difficultés existent mais restent relatives. Certaines fonctions, comme gouvernante, chef de rang ou chef de partie, sont néanmoins très demandées, et les établissements se disputent ces talents. »

Cette pénurie n’est pas un phénomène nouveau mais s’est amplifiée depuis la crise du Covid-19. L’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie (UMIH) estime qu’il manque chaque année 200 000 postes dans le secteur, principalement des saisonniers. Cette situation s’explique par une combinaison de facteurs : le renouvellement générationnel, le besoin de main-d’œuvre temporaire et un turnover important.

En dix ans, le nombre de jeunes en formation a drastiquement chuté, passant de 110 000 à seulement 12 000 aujourd’hui, selon Lorenzo Dri, Directeur Emploi Formation à l’UMIH cité dans les colonnes de L’Echo Touristique. Cette baisse est en partie due à un manque d’attractivité des formations hôtelières, mais également à des raisons démographiques. « Les études le disent, le pic de la baisse de la démographie, c’est 2027 ».

Former et valoriser les métiers
Face à ces défis, l’UMIH Prestige s’engage activement dans la formation et la promotion des métiers de l’hôtellerie haut de gamme. « Nous proposons des modules spécifiques destinés aux personnes en reconversion, qui n’ont pas suivi un parcours hôtelier classique », explique Christophe Laure. De plus, l’organisation favorise l’entraide et la transparence entre établissements, notamment grâce à des plateformes comme le Journal des Palaces, qui ne se limite pas à diffuser des annonces d’emploi mais met aussi en valeur les carrières et les opportunités du secteur. « En France, il existe des parcours académiques d’excellence en hôtellerie, avec des établissements comme la Luxury Hotelschool et d’autres. Ces formations ouvrent de nombreuses perspectives. Autrefois limitées à l’hôtellerie traditionnelle, elles permettent désormais d’accéder à des carrières dans la gestion d’actifs, l’aménagement d’espaces d’accueil en entreprise, ou encore l’hospitality management pour des marques de luxe. » L’hôtellerie-restauration est un secteur où les opportunités de carrière sont réelles, avec des perspectives d’évolution vers des postes à responsabilité.

Au-delà des compétences techniques : l’intelligence émotionnelle
Dans l’univers du luxe, les compétences techniques sont indispensables, mais ce qui fait la différence, c’est l’intelligence émotionnelle des professionnels. « Nos métiers demandent engagement, passion et une capacité à offrir une expérience inoubliable aux clients. Nous ne vendons pas simplement un service, nous vendons un rêve. La première qualité requise est donc cette volonté de faire plaisir et de servir, un état d’esprit qui s’acquiert avec le temps et l’expérience », précise Christophe Laure.

L’innovation et le RSE au cœur des nouveaux enjeux
Le secteur de l’hôtellerie de luxe est en perpétuelle évolution et intègre de nouveaux enjeux comme l’innovation et la responsabilité sociétale des entreprises (RSE). « L’intelligence artificielle nous permet d’optimiser l’expérience client et d’améliorer notre efficacité. En parallèle, le développement durable est une priorité : nous avons une responsabilité en matière de consommation d’énergie et de ressources. Il est essentiel de sensibiliser les nouvelles générations à ces enjeux pour garantir un secteur toujours plus responsable et performant », affirme Christophe Laure.

Loin des idées reçues, l’hôtellerie de luxe offre donc un véritable terrain d’innovation et d’ambition pour les talents en quête de carrières variées et internationales. Une dynamique qui, grâce à l’effort des professionnels du secteur, continue d’attirer de nouveaux profils et de renforcer l’image de ces métiers d’excellence.